A – Le concept et les bases de la motricité libre
Le principe de la motricité libre ne date pas d’hier. Il a été découvert par Emmi Pickler en 1947 et prône l’autonomie de l’enfant. Cette approche éducative repose sur le fait de laisser l’enfant libre de tous ses mouvements, sans les lui enseigner et les lui imposer.
Peu à peu il acquerra naturellement et dans un ordre chronologique précis les différentes positions qui lui permettront d’assimiler la marche.
L’acquisition de la marche peut être comparée à la construction d’une maison. Il faut des bases solides avant de passer à l’étape suivante.
Inutile donc par exemple de mettre bébé assis sans qu’il n’y soit parvenu lui-même. S’il ne s’assoit pas seul c’est qu’il n’est pas encore prêt. C’est le même principe pour la marche.
Le développement moteur de l’enfant dépend de plusieurs facteurs :
• De la maturation du système nerveux ; de nouveaux circuits nerveux se mettent en place peu à peu.
• Des aptitudes personnelles de l’enfant.
• Des expériences motrices.
• De l’attitude des personnes qui entourent bébé.
B – 3 phases
Avant de tenir debout, un enfant effectue tout un cheminement qui se répartit en 3 phases successives (niveaux d’évolution motrice) :
• La phase statique : position à plat au sol jusqu’à 6 mois environ.
Lors de cette première phase le bébé ne cherche pas à se déplacer.
Il bouge ses bras, ses jambes, prend petit à petit la conscience de sa capacité à bouger.
Sur le dos jusqu’à 4 mois il ne gigote pas beaucoup, il plie et tend ses jambes. Après 4 mois il remue davantage, il observe ses mains et commence à toucher, puis lève ses jambes. Ensuite il bascule et tend ses mains vers les objets. Et un jour il se retourne sur le ventre… C’est à partir de cette position que le bébé va se déplacer et s’asseoir, c’est une fondation.
• La phase dynamique : découverte des premiers déplacements de 5 à 10 mois.
Le bébé se retour du dos sur le ventre et du ventre sur le dos. Il effectue ensuite des roulés-boulés puis se déplace par glissement (ramper ou pivot).
Il passe ensuite à quatre-pattes et se déplace dans cette posture.
• La phase : découverte de la verticalité.
Il est difficile pour l’enfant d’adopter la position assise et de pouvoir en sortir s’il ne sait pas se déplacer au sol. Ne pas pouvoir sortir de cette position entraîne des attitudes figées et induit un déplacement sur les fesses, le bébé ne pousse pas sur ses jambes et ne met pas en place les coordinations générales. Par ailleurs, cela prive le bébé de se déplacer au sol, il n’adopte pas d’appui sur les mains, a des jambes raides et le dos rond, son développement tonique manque de maturité et
sa posture n’est pas adaptée.
Ainsi pour résumer : à partir du plat dos, il se retourne sur le côté, puis sur le ventre, se retourne sur le dos, fait des roulés-boulés, rampe, passe à quatre pattes et découvre à cette étape la position assise autonome au sol. Il passe ensuite à genoux, prend appui sur un support avec ses mains, se met en position du chevalier servant et parvient à la position debout. Il se déplace d’abord latéralement le long des meubles, cherche ensuite à lâcher un appui pour en tenir immédiatement un autre. Il
peaufine son équilibre, se lâche quelques secondes et fait ses premiers pas lorsqu’il est prêt et a confiance à lui.
C – Intérêts de la motricité libre
→ Joie de découvrir par lui-même = bébé acteur de sa motricité
→ Autonomie
→ Confiance en ses propres capacités
→ Concentration
→ Contribue à son sentiment de sécurité
→ Favorise aussi l’esprit d’initiative et la créativité
→ Respect du développement de l’enfant
D – Aménagement des espaces du bébé
Phase statique :
Tapis ferme mais confortable.
Quelques jouets choisis en fonction du développement de l’enfant et dans le but d’éveiller ses sens.
Être vigilant aux sources lumineuses et au bruit.
Phase dynamique et découverte de la verticalité :
L’enfant doit pouvoir trouver de quoi assouvir son besoin de:
✔ Grimper
✔ Pousser
✔ Traverser
✔ Sauter
✔ Glisser
L’espace doit être lisible, toujours rangé de la même manière.
Chez les plus grands, des jeux de motricité globale et de motricité fine sont mis en place et de
petits ateliers sont organisés.
E – Quel est le rôle des parents et des professionnels ?
✔ Créer les conditions favorables.
✔ Laisser l’enfant entièrement libre de ses mouvements.
✔ Ne pas faire dans la mesure du possible à la place de l’enfant.
✔ L’observer avec confiance dans sa motricité quotidienne et son jeu autonome
(accompagnement par le regard, la parole).
✔ Veiller à ce que ses vêtements soient souples, le laisser pieds nus ou en chaussons souples.
✔ Lui créer un environnement à sa mesure.
Et plus spécifiquement pour les professionnels de la petite enfance :
✔ Conseiller les parents si ils sont en demande.
✔ Les soutenir.
✔ Leur faire part des observations sur les capacités de leur enfant.
✔ Alerter si besoin.
F – Il est nécessaire d’éviter
✗ de mettre l’enfant dans une posture qu’il ne réalise pas de lui-même.
✗ de laisser le bébé trop longtemps dans le transat.
✗ d’encourager un tout-petit à pousser sur ses jambes.
✗ de faire marcher un enfant en le tenant par les mains bras en l’air.
G – Il est nécessaire
• D’observer
• Connaître les différentes grandes étapes du développement psychomoteur de l’enfant
• De respecter le rythme de chacun
• Verbaliser – accompagner/soutenir (non intervention directe mais présence attentive)
• Aménager l’espace pour qu’il soit libre de ses mouvements et en sécurité
• Le laisser découvrir seul les positions assises ou debout
• De faire confiance aux enfants
• Et aussi jouer, porter, être en interaction…
Illustrations des Niveaux d’Evolutions Motrices :